- Allo, les Bronstein ? C'est Dani. J'ai un projet de voyage à vous proposer... - Merci, tu es gentille, mais tu sais que nous venons de rentrer du Canada ; on ne peut pas repartir tous les deux mois ! - Écoute, Shai-Bar-Ilan nous propose un voyage au Vietnam à la place de l'Amérique du sud ; c'est bien moins cher, et surtout, on a déjà un petit groupe sympa ; et, évidemment, c'est Rita qui nous emmène. - C'est sympa, on va réfléchir. Envoie-moi le programme. Quelques jours plus tard : - Alors, ça vous tente ? - Bien sûr, et puis on se dit que tant que nous en avons la santé, il faut en profiter. Mais dis-moi Dany, un sujet me chiffonne : la compagnie Ouzbékistan Air Line, tu as vraiment envie de l'utiliser ? Moi pas ! Je n'ai pas envie de confier ma vie à un pilote... ouzbek. Ils doivent avoir de vieux coucous... je préfèrerais El Al. - T'inquiète pas, Rita a déjà volé quatre fois avec ; c'est une bonne compagnie. Et c'est ainsi que, pressés par les déjà inscrits, nous nous sommes laissés tenter par cette nouvelle aventure. Et je vous le dis déjà à l'avance, nous ne regrettons pas notre décision. |
Shabbat 29 novembre8 heures pile, nous commençons l'office. Tout le monde est là, les hommes s'entend ; les femmes commencent à arriver vers 9 heures, sauf quelques zélotes qui prient depuis le début.Haïm fait une magnifique Kriat ha Torah qui nous impressionne beaucoup. ![]() Nous montons jusqu'à un site qui domine Sapa Mon appareil de photo me manque et mon index droit, au chômage, s'ankylose. Barbara, du groupe anglais, qui semble avoir obtenu une autorisation spéciale de son rav, photographie tout ce que nous aurions voulu fixer sur nos cartes mémoire. Question délicate : aurons-nous le droit, hala'hiquement parlant, de lui demander de nous passer ses photos ? Redescendus au village, certains vont faire une sieste bien méritée, tandis que d'autres, plus courageux, vont poursuivre la promenade en descendant vers le village des Hmong noirs. Nous visitons des maisons typiques ; c'est le moyen-âge. Le paysage, entouré de rizières, est magnifique. Mais il faut remonter et la pente est dure. Lydia se sent mal, et finira par accepter de se faire remonter par un moto-taxi. La seouda shelishit, bassarit, est délicieuse. Jacky Kandel nous régale intellectuellement, par un dvar Torah sur le cannibalisme !!! Après min'ha et maariv, nous ressortons nous balader dans les ruelles et ses marchés et... nous achetons. |
Shabbat 6 décembreVendredi soir, nous dînons à notre hôtel Ritz, dans une jolie salle à manger, juste pour nous. Le repas a été préparé par les cuisiniers du Beit 'Habad. C'est bon, mais d'aucuns pensent avec regret, aux repas préparés les jours précédents, par nos chefs vietnamiens... Pensons un peu au travail que cela donne : amener à domicile, une trentaine de repas, soupe comprise, dans leurs casseroles et leurs plats ; sans oublier les délicieuses petites 'halot toutes chaudes. Une vraie prouesse de nos chères guides, lesquelles méritent notre admiration et notre reconnaissance. Nous sommes vraiment gâtés.Le repas est embelli par des zemiroth et des divreï Torah. Le lendemain matin, la tephila de sha'harit est suivie d'un petit-déjeuner-kiddouch, sur la célèbre toit terrasse de l'hôtel. Le soleil est de la partie et la température est élevée. Nous avons promis de faire Moussaf à Beit 'Habad, qui n'a pas toujours minyan. D'ieu merci, il y a quelques touristes et quelques locaux qui se joignent à la tephila, dirigée par le Rav. Une partie du groupe décide, malgré la chaleur, d'aller faire une promenade vers le fleuve. Nous entrons nous rafraîchir dans l'air conditionné d'un grand palace, avant de retourner à notre hôtel, pour une sieste bien méritée. A 16 heures, nous retournons à Beit 'Habad, pour Min'ha, suivi d'une seouda chlichit. Chants et tchoulent sont au menu. 18h15 : shabbat se termine. Nous repoussons les tables ; rangeons les chaises contre le mur. Maariv est suivi par une Havdallah, marquée encore par l'émotion du massacre de Moumbaï. La photo du jeune rav et de son épouse, affichée sur le mur, hantera longtemps ces lieux et notre mémoire. |
Le retourPremier vol, destination Bangkok : une heure vingt.Mais nous avons six heures à passer dans cet immense et splendide aéroport. Chacun part de son côté, explorer ce que l'on peut y faire. On trouve des cafés, des glaciers, des magasins de luxe... et à chaque étage, un salon de massage. Comme nous avons du temps, et que notre première expérience à l'aller, a été fort agréable (foot massage), nous décidons de nous offrir un massage thaïlandais. Chacun rentre dans une sorte de cabine, séparée par un rideau opaque des autres cabines. Nous sommes dans la pénombre ; une musique douce et aérienne commence à nous détendre. On se déshabille et on enfile un pyjama léger et l'on s'allonge sur un matelas à même le sol. Au bout de quelques minutes, une ombre fluette apparaît. On ne distingue pas ses traits. Le massage commence. Celui qui s'attend à un massage doux et léger, avec des huiles parfumées, s'est trompé d'adresse. C'est vigoureux, douloureux parfois. Un coude nous triture le dos ; un poing nous laboure la colonne vertébrale ; un pied se cale sous notre aisselle, pendant que notre bras est étiré à la limite du supportable. Je ferme les yeux ; une pause me permet de respirer profondément. Le rythme s'apaise. Ses mains agiles, massent doucement cette fois, ma paroi abdominale, à travers le pyjama. Les cuisses sont malaxées, tambourinées ; puis la plante de mes pieds sont triturés sans ménagement ; chaque orteil a droit à son traitement. Et soudain le calme, la détente ; on sent un bien-être réparateur ; La masseuse s'éclipse, avant que j'aie pu pu voir son visage. Je reste allongé, je me détends, je me sens bien. Le temps a passé vite. On croise les copains ; on échange des informations sur ce qui vaut la peine d'être fait. On se retrouve tous à l'embarquement, vers vingt heures, sans Mala et Jean-Paul, qui partent se reposer de leurs vacances, à Phuket ; et sans Janine et Claude qui rentrent directement à Paris. Nous avons faim ! Un claquement de doigts et on nous apporte une caisse de sandwichs, qui sont les bienvenus. Et puis soudain, on se rappelle que les Riveline n'auront rien à manger. Haïm se dévoue et part en courant ave deux paquets, à la recherche de nos deux parisiens. Il croyait savoir où aurait lieu leur embarquement. Il revient bredouille. Que faire ? On se sent responsables de leur survie. Renseignements pris, ils doivent embarquer plus tard que nous, à la même porte. On décide de leur laisser le carton avec deux sandwichs, devant la porte d'embarquement, en demandant aux employés de ne pas enlever ce qui va peut-être leur sauver la vie et en leur décrivant le couple... que vont-ils devenir ? Jusqu'à ce jour nous ne le savons pas. Les journaux du lendemain ne parlent pas d'un couple découvert inanimé et affamé, dans les allées de l'aéroport de Bangkok... Escale à TachkentAprès six heures de vol, nous atterrissons à Tachkent, dans un froid polaire. On nous confine dans une salle triste, mal éclairée. Un bar minable nous propose des boissons, café, bière, eau minérale. Il y a longtemps que le goût de notre sandwich a disparu et nous crevons la dalle.![]() ![]() ![]() Escale à Tachkent Nous nous installons sur des bancs métalliques glacés, dont la plupart des coussins de molesquine on été arrachés. Chacun essaie de prendre son mal en patience. Irène arrive à se glisser sous les accoudoirs et à s'allonger ainsi, avec son sac pour oreiller. Jacky K a gonflé une minerve en caoutchouc, qui lui tient la tête. Gérard s'est couvert les yeux d'un masque noir et essaie de trouver le sommeil assis. Les yeux nous piquent de fatigue. On essaie, chacun à sa façon, de trouver une position de relaxe. Mais les bancs sont vraiment trop durs. On se lève, on va boire un café crème. On entre visiter le magasin de duty-free, qui vient d'ouvrir ses portes. On ne sait plus quelle heure est-il, sur quel fuseau horaire sommes-nous ? Rita, en bonne fée qu'elle est, a trouvé un gâteau au chocolat, qu'elle nous distribue avec son sourire habituel. La fatigue n'a pas de prise sur elle ? Le jour se lève. Sur les montres locales, il est sept heures du matin. On embarque pour notre dernier vol, vers "chez nous" à Lod. Je crois que tout le monde a dormi, tant l'épuisement était grand. Nous atterrissons, pas vraiment frais, dans ce bel aéroport qui est le notre. Après avoir été chercher nos achats laissés en dépôt au service-livraison du duty-free, nous récupérons nos valises bourrées à l'extrême. On se dit au revoir, sans grande émotion, car tout le monde a hâte de retrouver sa maison et son lit. On monte dans un "Nesher" pour Jérusalem, avec les copains de l'aller. Nous sommes quand même un peu tristes de nous quitter ; mais nous savons déjà la date des retrouvailles chez les Hattab. Ouf ! Nous voilà à la maison, la tête pleine de souvenirs, d'expériences, de jolies images. Et nous pensons en nous même : à quand, où, et avec qui, le prochain voyage ? Jacky BRONSTEIN
...qui remercie Dani COHEN, sans laquelle ce texte n'aurait jamais vu le jour. Son travail quotidien et nocturne, pendant toute notre expédition, notant dans un cahier, les faits et gestes au jour le jour, avec précision et humour, m'a grandement aidé dans l'écriture de ce journal, qui se veut être la mémoire de ce si beau voyage. J'espère que les faits et les dates sont exacts. Il se peut que quelques inexactitudes se soient glissées involontairement ici ou là ; que quelques oublis vous aient choqués. Que cela nous soit pardonné. Merci d'avoir eu la patience de nous lire jusqu'à ce point final. ![]() ![]() Contacter Jacky Vos commentaires [Page d'Accueil] [Retour à la page précédente] |