Pour notre troisième voyage avec Rita (1), la consigne était "le moins de bagages possible", ceci afin de faire un envoi groupé, pas trop lourd et surtout, nous laisser de la place pour nos achats. Ceci fut suivi à la lettre, en tout cas par moi. ![]() Je les lavais tous les soirs... Je les lavais tous les soirs, les séchant au sèche-cheveux, lorsqu'il y en avait ; et c'est ainsi que, chaque matin, mes chaussettes sentaient le doux parfum des savonnettes. Mon premier problème survint à Taschkent ![]() Longue attente à Tashkent Mais là, comme il s'agit d'un pays musulman, et étant respectueux des us et coutumes, j'ai cru de mon devoir, de me déchausser en descendant de l'avion. Malgré la neige et une température au dessous de zéro, je marchais vers les salons cossus... mes chaussures à la main. Renseignements pris, ce n'était pas nécessaire. Et me voilà, les pieds comme des esquimaux. Que faire ? Pas d'endroit où faire sécher mes pauvres chaussettes. Je vais attraper la crève ! ![]() Claudine Hattab m'achète une liqueur aux oeufs Heureusement, Claudine (pas la mienne, ni celle de Claude, mais celle de Jocelyn) repère, au duty-free, une bouteille de liqueur aux oeufs (3), qu'elle me fait avaler, vite fait, bien fait. Ayant bu une demi-bouteille, je sentis soudain, une douce chaleur m'envahir de la tête aux pieds. Au bout de six heures d'attente, (merci Rita, d'avoir fait retarder notre envol...) - mes chaussettes avaient séché. ![]() ![]() un collier de fleurs ET un point rouge entre les yeux Rien à dire sur le vol jusqu'à Dehli, la new, pas la old... On arrive crevés, épuisés. On nous fait descendre dans un affreux boui-boui, où nous pourrons prier et boire un café. Je remercie le ciel, pendant ma prière, de n'avoir pas eu à me déchausser pour aller du bus au café, car, premier choc culturel, nous prenons conscience que l'Inde n'est ni Singapour, ni le Japon, et que les détritus dans les rues, font partie de la culture du lieu. Trois heures de bus, - sur une "autoroute" à deux voies, encombrée de camions klaxonneurs, de vaches en liberté – pour atteindre notre premier hôtel, où nous sommes accueillis à l'indienne, chacun de nous recevant un collier de fleurs ET un point rouge entre les yeux ; ce qui me fait penser à un règlement de compte : une balle entre les deux yeux et tu es mort ! N'aimant pas ce signe "religieux" hindouiste, je demande à la préposée, mignonne petite indienne bronzée, si elle ne peut pas plutôt me mettre ce point rouge, sur mes chaussettes, pour les préserver du mauvais oeil. Elle ne comprend pas... mes chaussettes non plus ! Et chaque jour, lors de chaque visite, nous nous plions au rituel du déchaussage. Mes chaussettes râlent comme des putois, et pour me punir, s'inbibent de tous les microbes et virus qui traînent sur le sol. ![]() Au Taj Mahal, mes chaussettes sont impressionnées ![]() Ces petites bêtes... Un sac de plastique fit l'affaire ; ma chaussette droite furieuse, se laissa enfermer jusqu'au soir, dans ma poche. ![]() ![]() ![]() Trempette dans le Gange : purification Sur la barque où on nous fit embarquer, je décidais de me déchausser et de plonger mes pieds dans cette eau glauque, vectrice d'excréments et de cendres de corps brûlés, dans cette eau sacrée et miraculeuse, qui devait absoudre mes pêchés. Mais lorsque mes pieds furent secs, je m'aperçus que mes chaussettes faisaient la gueule et refusaient de laisser passer mes pieds, rendus pourtant saints. Elles avaient raison : le lendemain matin, mes pieds étaient pustuleux et suitants d'une horrible manière. ![]() Jean-Paul m'achète encore des crêmes Ce n'est qu'au bout du voyage, à Dehli, la New, que, cédant aux prières quadri-quotidiennes de mes chaussettes, je décidais d'en acheter une autre paire, malgré la peur du sur-poids. Je trouvais de belles chaussettes, toutes belles, toutes noires, soyeuses, magnifiques, bien emballées dans de la cellophane indienne, bref un amour de chaussettes. Hélas, en montant dans le dernier bus du voyage, je perdis, dans un moment d'inattention, ce beau trésor, que personne ne retrouva. Je me suis laissé dire que le forfait avait été perpétré par une personne seule, toujours assise au premier rang du bus (comment faisait-elle pour ravir cette place si convoitée, aux Korchia et aux Stern, spécialistes pourtant éprouvés de la chasse au premier rang ?) et qui ne supportant plus d'entendre parler de chaussettes, les auraient fait disparaître... Elle voulait qu'on ne parle que d'elle au singulier (4). Z'auriez pas retrouvé mes chaussettes ? pour honorer nos hôtes Mala et Jean-Paul Heyman, que nous remercions tous. Enfin, pour mettre les choses au point, seul l'achat d'une paire de chaussettes en fin de voyage n'est pas pure fiction. |
(1) Rita, notre bien-aimée chef de groupe (2) Passage obligé (par notre agence) des vols vers l'extrême-orient, car moins chers "Ouzbekistan Air Line", nous obligeant à des heures d'attente insupportables, pour les correspondances. (3) Au cas où vous le le sauriez pas, j'adore. À bon entendeur, salut. (4) Josette, avec l'accent alsacien, se prononce "Chaussette"... (et lorsque vous vous appelez Josette Drouet, ça donne "Chaussette trouée" dans les rues de Saverne...) |