On a souvent besoin d'un plus couillon que soi. De cette vérité, Corona l'infect virus, fit foi, Tant la chose en preuves abonde. (1) Coco dans le monde léger s'en fut, Ravi de découvrir l'Homme, gent si dépourvue. Il alla de ça, de là, gardant ses distances encore, Observant et se réservant la ruse d'abord : "Hé ! bonjour Monsieur qu'on dit Homme, Que vous êtes fort ! que vous semblez énorme ! Sans mentir, vous portez vigueur en flambeau. Nous, vils virus, ne sommes face à vous que nabots..." L'homme, flatté, s'approche jusqu'à toucher le minus, Tel un roi à la joie de dominer un nouveau sujet. Phénix de la fable, il aborde le virus Qui ricane déjà car nuire à l'humanité est son projet. (2) Coco ne se trompait point : ce fou vend la sagesse. (3) Notre sot écervelé, non-voyant du danger, Bête à pleurer, s'avance et se baisse, Enfin, tapote le virus sans se protéger. Aussitôt, Corona lui jette ses poisons Que notre niais négligent diffusera à foison. Un mal se répand par la terreur, Mal que le ciel en sa fureur, Inventa pour punir les crimes de la terre Le virus déclara aux hommes la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. Dans les hôpitaux les lits manquaient, Les critères de soins furent modifiés, On cria "Haro sur les vieux, les vieux en premier !" (4) Les vieux évacués, des places furent libérées Pour soigner d'autres contaminés. Hélas, l'homme payait son imprudence passée : Au long des ans, il avait sans compter dépensé Si bien qu'il se trouva fort dépourvu Quand la crise fut venue. Plus aucune protection réelle Plus de masque, gants ou gel, Ce n'était encore que le début D'une longue agonie imprévue. (5) Le temps passe mais quand le mal est certain, La plainte ni la peur ne changent le destin. (6) Tant que Coco le virus vivra jurons prudence : Devenons plus expérimentés Apprenons que dans ce cas la méfiance Est mère de sureté : restons confinés... (7) ![]() Le Coronavirus Peinture de Annie Benichou 29.03.2020 |